8- Comment notre société préserve-t-elle la biodiversité ?
8- Comment notre société préserve-t-elle la biodiversité ?

Une fois explicitées les grandes forces motrices – ou déterminants – qui conditionnent l'organisation de notre société, une fois caractérisées les pressions exercées par cette société sur la nature, cette question cherche à traduire l'ensemble des enjeux liés à notre capacité politique et comportementale à réagir pour éviter les dégradations, limiter les pressions et restaurer ce qui peut l'être. Cette réponse de la société passe par de multiples canaux, la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) ayant clairement fait le pari de mobiliser toutes les énergies et tous les outils disponibles et potentiellement efficaces.
Cette réponse globale de la société ne relève pas des seules politiques publiques auxquelles on se réfère fréquemment, mais aussi des politiques privées (par exemple stratégies d'entreprises) ainsi que des comportements individuels et collectifs (qui peuvent « résister » aux volontés et orientations politiques ou au contraire les précéder). Son efficience dépend :
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de la pertinence de chaque action entreprise par la société par rapport au problème de biodiversité identifié et compris ;
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de la cohérence des différentes mesures entre elles ;
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du bon niveau d'intensité et de l’échelle adéquate par rapport à la menace visée.
Il est extrêmement délicat de caractériser l'effet de telle ou telle mesure sur le milieu. En effet, les interactions sont telles entre milieux et espèces d'une part, et entre pressions d'autre part, qu'il est souvent illusoire de prétendre établir des liens de causalité unique entre une mesure et son effet. Cela ne doit pas amener à renoncer aux différentes actions mais au contraire à agir sur l'ensemble des leviers à la disposition du décideur ou du citoyen.
Les réponses de la société peuvent aussi tendre à renforcer les moyens mobilisés pour prévenir, atténuer ou compenser les effets néfastes des pressions imposées à la biodiversité, ainsi que pour restaurer les dynamiques naturelles affectées.
L'ensemble des réponses apportées non seulement recherchent une amélioration de la situation mais transforment aussi la société elle-même, son regard sur la biodiversité et l'organisation des territoires, des politiques et des activités.
Les indicateurs proposés actuellement concernent essentiellement les actions publiques, en raison de l'absence de suivi national des activités de la sphère privée, individuelle ou collective.
Les acteurs peuvent tout d'abord chercher à améliorer la connaissance des enjeux et des mécanismes de la biodiversité, ainsi que l’intérêt de la société pour ces sujets. Il s'agit de mieux comprendre et faire accepter les mesures prises et les évolutions de la société que cela implique. C’est toute la chaine du savoir qui est interrogée.
Niveau d'exhaustivité de la liste des espèces connues dans les Outre-mer
Niveau de prospection naturaliste dans les sites remarquables
Évolution de l'implication des citoyens dans les sciences participatives liées à la biodiversité
Évolution du volume de données disponibles sur la biodiversité
Évolution de la participation aux actions d'éducation sensible et citoyenne à la biodiversité
Les leviers juridiques et fiscaux peuvent constituer des outils d’une grande efficacité pour préserver ou restaurer la biodiversité. L’exemple le plus emblématique est celui des aires protégées. Le choix de dédier prioritairement à la biodiversité des espaces, en y mettant en œuvre une gestion adaptée des usages, est emblématique. En ce sens, la proportion de territoire en aires protégées et son évolution informent sur la place attribuée par la société à cette préservation de la nature. Les aires protégées restent l’une des mesures les plus efficaces pour sa protection. La protection des espèces peut également être pertinente ou la réglementation de leur gestion (exploitation, commerce…). D’autres mesures comme l’incitation ou la conditionnalité fiscale peuvent également orienter les comportements des individus ou des organisations privées ou publiques.
Aires protégées terrestres en métropole
Surfaces en aires protégées terrestres en Outre-mer
Surfaces en aires marines protégées
Le suivi des modifications effectives de comportements individuels et collectifs peut être riche d’enseignements pour comprendre les mutations de la société et prévoir les orientations futures en gestation. Malheureusement, les informations disponibles nationalement en termes de comportement par rapport à la biodiversité, et permettant la construction d’un indicateur fiable et pérenne, restent rares et fragmentaires.
Prise en compte de la biodiversité par les entreprises du CAC40
La mise en œuvre d’actions concrètes sur le territoire est une réponse directe en faveur des espèces et des espaces identifiés comme devant être préservés ou restaurés, en particulier les habitats naturels. Génie écologique, organisation de la fréquentation, adaptation des prélèvements d’espèces (chasse, pêche, cueillette...) ou encore entretien favorable à certaines composantes des écosystèmes permettent de maintenir ou restaurer les écosystèmes et les espèces. L’organisation coordonnée de l’action constitue une plus-value importante : plans d’action, plans de gestion intégrée… Le recensement de ces actions au niveau national est malheureusement difficile et les indicateurs nationaux normalisés manquent.
Gestion durable des aires marines protégées
Chacune des réponses présentées ci-dessus est bien sûr importante, mais la cohérence générale de l’action de la société garantit l’efficacité et l’efficience pour une évolution favorable de la biodiversité. Les politiques décidées et mises en œuvre, ainsi que les évolutions de comportements doivent viser une meilleure convergence de l'ensemble des initiatives, décisions et moyens mobilisés.
Cette recherche de la cohérence des différentes politiques et actions de la société au regard de leurs influences sur la biodiversité est l'un des leitmotivs des différentes stratégies pour la biodiversité développées ces dernières années aux différentes échelles. Suivre cette cohérence pour les territoires, c'est réaffirmer le caractère intégrateur de l'aménagement pour toutes les politiques.